Construire et réaliser une enquête auprès du tissu associatif d’un territoire n’est pas une démarche anodine. Elle ne se réduit pas à nos habituelles représentations de la conduite d’enquête pour laquelle une méthodologie éprouvée et rigoureuse suffirait. Autant que la dimension méthodologique solide, la coconstruction avec les associations et réseaux associatifs constituent un des piliers de la réussite de la démarche.
Pour plusieurs raisons :
Parce qu’une enquête ne vise pas seulement la production de données statistiques objectives et tangibles qui satisferait les plus férus de chiffres d’entre nous. Elle participe de plus à la construction d’une vision commune objectivée de la valeur associative sur un territoire, de la place et de l’apport des organisations associatives dans le fonctionnement d’un territoire, sa société, son économie… Et la question de la compréhension et l’appropriation des résultats de l’enquête est tout aussi fondamentale que la qualité de la méthodologie. Cet objectif se structure dès la phase amont, c’est à dire au moment de la construction du questionnaire d’enquête avec le tissu associatif local. Tout le travail fourni en amont permettra une meilleure appropriation de la démarche et de ses enjeux, un meilleur taux de réponses, une meilleure qualité des réponses, une attente des résultats produits…
Il s’agit ainsi de préférer une approche horizontale du travail d’enquête à une conduite verticale, où la réponse au questionnaire deviendrait une formalité mécanique, déconnectée du sens politique de la démarche d’observatoire.
A Rennes, l’enquête 2014 a bénéficié d’un financement de la Ville de Rennes et a été confiée à l’association BUG qui accompagne et conseille depuis plusieurs années les habitants et les associations rennaises. BUG a tissé une relation de confiance avec les associations qui a impacté la conduite de l’enquête, ainsi qu’une connaissance méthodologique pointue, appuyée par le réseau RNMA. Par ailleurs, le portage conjoint avec le Mouvement Associatif Rennais (MAR) a permis un fort relais par les associations rennaises (mise en place d’un comité de pilotage) et par conséquent, une collecte de plus de 550 questionnaires. Les analyses ont été également fortement relayées localement et une infographie a été diffusée à 8 000 exemplaires.
Une des conditions de réussite réside donc dans la construction d’une culture commune du travail d’observation, qui allie rigueur méthodologique et dialogue avec le tissu associatif.
Plus largement, la démarche rennaise s’est inscrite dans une approche ouverte du traitement de la donnée dite opendata La donnée n’appartient pas à celui qui la collecte ou qui la traite, ni à celui qui paie pour en disposer. Elle est un élément public qui peut être consultable et analysable par toutes et tous, à la condition de respecter l’anonymisation de celle ci.
L’expérience rennaise a démontré que la démarche d’observatoire des associations s’inscrit dans une temporalité, impliquant la production régulière de données et leurs comparaisons, une acculturation locale et une coconstruction sur toutes les étapes du processus d’observation.
Une enquête ne peut se suffire à elle-même et la mise à jour des données est nécessaire régulièrement. Plus de huit ans après le tout premier travail de l’observatoire de la vie associative rennaise, et après deux années de pandémie, le moment est sans doute venu de réitérer cette démarche d’observation et de compréhension.